Ouvrir un cabinet de kiné est l’objectif de nombreux pratiquants de la profession. Travailler dans son propre cabinet offre en effet beaucoup d’avantages et permet de se sentir « chez soi ».
Lancer son cabinet de kinésithérapie demande néanmoins un peu de préparation. Passer de kiné collaborateur à titulaire représente une étape importante dans votre carrière et il serait dommage qu’elle se passe mal. Il faut savoir que gérer son propre cabinet de kiné représente beaucoup de travail et implique des responsabilités au quotidien : ce n’est donc pas fait pour tout le monde.
Afin que tout se déroule aussi bien que possible, nous vous partageons ci-dessous tous nos conseils pour ouvrir votre cabinet de kiné et enfin concrétiser votre rêve.
Conditions pour exercer et ouvrir un cabinet de kiné en France
Avant même de vous lancer dans la recherche d’un local, il faut répondre à un certain nombre de conditions pour ouvrir un cabinet de kinésithérapie :
- Être titulaire d’un diplôme d’Etat de masseur-kinésithérapeute. Le sésame est obligatoire pour pouvoir exercer cette profession légalement en France.
- Ce diplôme doit également être enregistré au répertoire Adeli : une liste qui recense tous les MKDE par département. Afin d’enregistrer votre diplôme, il faut vous rapprocher de l’Agence Régionale de Santé dont vous dépendez.
- Il est également nécessaire de s’inscrire au tableau de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes. Pour ce faire, il faut évidemment avoir obtenu votre diplôme au préalable. Lorsque votre inscription est validée par l’Ordre, vous recevez alors un numéro d’inscription.
Ouvrir un cabinet de kiné n’est donc pas accessible à n’importe qui. Cela peut sembler évident, mais il faut également savoir que l’on ne peut exercer ce métier si on ne respecte pas les critères suivants :
- Aptitude physique : être kiné signifie souvent bouger et faire bouger les patients. Il faut donc disposer dun bonne aptitude physique pour exercer ce métier.
- Honorabilité : il ne faut pas avoir fait l’objet d’une quelconque interdiction ou suspension pour exercer le métier de masseur-kinésithérapeute. Cela peut notamment arriver lorsque l’on fait encourir des dangers à ses patients.
- Incompatibilité : certaines activités ne peuvent pas se cumuler avec le métier de kiné libéral. C’est le cas si vous êtes salarié et que votre contrat stipule que vous ne pouvez pas exercer une activité complémentaire. C’est également le cas si votre autre activité permet de profiter des prescriptions faites au patients dans le cadre de votre métier de kiné.
Si vous remplissez toutes ces conditions, vous avez tout le nécessaire pour enfin vous lancer et ouvrir un cabinet de kiné en France.
Regardons maintenant d’un peu plus près les différentes étapes pour y parvenir sans encombre.
Guide pour ouvrir un cabinet de kiné
Si vous êtes déjà MKDE, vous pouvez vous lancer dans l’ouverture de votre propre cabinet de kiné. Pour ce faire, il faut tout d’abord s’attaquer à la partie administrative. Pas forcément des plus intéressantes, cette étape est tout de même indispensable.
Rédiger les statuts et choisir une forme juridique
Avant toute chose, vous devez rédiger les statuts de votre entreprise et indiquer un objet social imposé par l’Ordre des MK. Vos statuts doivent donc obligatoirement indiquer l’objet social suivant : « Exercice de la profession de masseur-kinésithérapeute ».
Cette étape est importante car c’est à ce moment que vous allez devoir choisir la forme juridique qui correspond le mieux à votre projet de société.
Vous avez le choix entre :
- Cabinet individuel : dans ce cas, mieux vaut opter pour une SELURL (Société d’Exercice Libéral à Responsabilité Limitée Unipersonnelle) ou la SELASU (Société d’Exercice Libéral par Actions Simplifiée Unipersonnelle).
- Cabinet de groupe avec plusieurs associés : dans ce cas, mieux vaut opter pour une SCM (Société Civile de Moyens), une SCP (Société Civile Professionnelle) ou encore un SELARL (Société d’Exercice Libéral à Responsabilité Limitée).
Publier un annonce légale
Ouvrir un cabinet de kiné implique de créer une société. En plus des statuts, il faut donc choisir un statut juridique et publier une annonce légale. Celle-ci doit comporter un certain nombre d’informations :
- Objet social de l’entreprise.
- Date de création.
- Adresse du siège de l’entreprise.
- Identité du dirigeant.
- Adresse personnelle du dirigeant.
Cette annonce doit être faite dans un journal légal. Le but de cette étape est de pouvoir informer le public sur les coordonnées de l’entreprise qui se cache derrière votre cabinet de kiné.
Envoyer le dossier au greffe du Tribunal de Commerce
Après avoir rédigé vos statuts et publié votre annonce, il est temps d’envoyer votre dossier au greffe du Tribunal de Commerce. Selon l’adresse du siège de votre entreprise, les coordonnées du greffe seront différentes. Une petite recherche sur internet répondra à cette question.
En ce qui concerne le dossier en lui-même, il doit comprendre un certain nombre de pièces. Attention, il est important que le dossier soit bien complet afin d’éviter tout retard dans la création de votre entreprise !
Voici les différents éléments qui doivent composer votre dossier :
- Statuts de votre société.
- Une attestation de parution de l’annonce légale.
- La déclaration des bénéficiaires effectifs qui indique au greffe qui détient le capital de la société.
- Une déclaration de non-condamnation.
- Le formulaire M0 et l’intercalaire TNS disponibles sur le site du gouvernement.
- Une attestation de pouvoir dans le cas où vous auriez confié le dossier à un mandataire pour effectuer les démarches à votre place.
- Une copie de votre diplôme de MKDE et de vos associés (s’il y en a).
Après avoir reçu votre dossier, le greffe du Tribunal de Commerce va vous délivrer un extrait KBIS provisoire. Véritable carte d’identité de votre entreprise, c’est un document qui va permettre au créateur du cabinet de kiné d’inscrire sa société à l’Ordre de MK.
S’inscrire à l’Ordre des kinés
Après avoir reçu votre KBIS provisoire, l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes va statuer sur votre demande d’inscription. Si tout a été fait dans les règles de l’art, il ne devrait pas y avoir de problème quand à la validation de l’inscription.
Vous recevrez alors un numéro d’inscription pour votre société qui sera inscrite au tableau. C’est après cette ultime étape que vous recevrez votre KBIS définitif. Une fois votre inscription validée, vous pourrez en effet retourner voir le greffe du Tribunal de Commerce pour immatriculer définitivement votre société.
Ce n’est qu’une fois toute ces étapes franchies que vous pourrez enfin ouvrir votre cabinet de kiné et entamer cette nouvelle étape dans votre carrière.
Nos conseils pour ouvrir votre cabinet de kiné
Maintenant que nous avons détaillé les différentes étapes administratives, passons à la pratique. Nous vous partageons ci-dessous tous nos conseils pour ouvrir un cabinet de kiné.
Bien choisir le lieu de votre installation
Voilà une question qu’il ne faudra surtout pas négliger si vous souhaitez accueillir rapidement et facilement des patients. Le lieu de votre installation va en effet avoir un impact direct sur votre activité. Vous allez sans doute passer plusieurs années au même endroit. Mieux vaut donc choisir un lieu d’installation où vous vous sentez bien.
Il faut également tenir compte du zonage qui cloisonne le territoire et détermine le nombre de kinés qui ont le droit de s’y installer.
Enfin, n’oubliez pas que la tarification des actes sera différente selon la zone où se trouvera votre cabinet de kiné. Même si en théorie, les actes sont au même prix partout en France, de nombreux kinés appliquent un dépassement d’honoraires de façon quasiment systématique dans certaines zones comme, par exemple, la capitale.
Identifier les critères d’un bon local
Cette étape sera sans doute stimulante car vous commencerez enfin à toucher du doigt votre rêve d’indépendance. Il faudra néanmoins vous armer de patience. Mieux vaut visiter plusieurs cabinets différents afin de cerner vos besoins et bien connaître le marché de l’immobilier de la zone que vous visez.
Avant de commencer à chercher, prenez un peu de temps pour définir vos critères :
- Nombre de pièces.
- Superficie.
- Montant du loyer ou prix d’achat.
- Normes PMR.
- Emplacement.
- Présence ou possibilité d’ajouter des points d’eau pour le lavage des mains.
- Possibilité d’installer un bureau pour une secrétaire.
- Existence d’une pièce proche de l’entrée pour créer une salle d’attente.
- Possibilité d’aménager des boxes.
- Orientation.
- Commerces à proximité.
- Proximité d’un parking.
- Facilité d’accès à pied, en voiture ou en transports en commun.
- Etc.
Dans tous les cas, il est important de ne pas agir précipitamment afin de ne pas regretter votre choix plus tard. Sauf bien sûr si vous avez un coup de cœur et que vous êtes absolument certains d’avoir trouvé la perle rare.
Certains kinés mettent des mois avant de trouver le local de leurs rêves. Alors, épluchez les annonces, contactez des agences, faites le tour du quartier ou de la ville convoitée et faites marcher votre réseau !
Préparer un business plan et obtenir un prêt
Ça y est, vous avez créé votre société et vous avez trouvé un local. Vient maintenant la question du financement.
Avant de contacter des banques ou des organismes de prêts pour concrétiser votre projet, il est important d’établir un business plan. C’est en quelque sorte la feuille de route qui va vous permettre de mesurer la viabilité et la rentabilité de votre cabinet de kiné.
Pour établir ce business plan, il va vous falloir anticiper l’ensemble des charges de votre activité et établir un prévisionnel de vos revenus pour les compenser :
- Charges fixes et variables.
- Montant du loyer ou du prêt ainsi que du taux d’intérêt.
- Amortissement du matériel.
- Montant des assurances.
- Etc.
Sachez que vous pouvez toucher des aides en fonction de votre lieu d’installation, notamment en zones sous-dotées ou très sous-dotées. L’État propose également des aides à la création d’entreprise sous forme d’exonération partielle de charges.
Nous vous invitons à lire nos conseils pour augmenter ses revenus en tant que kiné libéral qui pourront vous aider à plus facilement convaincre votre banquier :
- Installation en zone sous-dotée.
- Augmentation du nombre d’heures de travail.
- Communiquer pour attirer plus de patients.
- Pratiquer le DE et les actes HN.
- Prendre plusieurs patients à la fois.
- Etc.
Tous ces éléments ont une influence sur votre activité mais aussi votre salaire de kiné et il est important d’explorer toutes les pistes possibles pour réduire vos charges et obtenir la meilleure offre de prêt.
Aménager et décorer votre local
Lorsque vous aurez trouvé le local idéal, vous pourrez alors réfléchir à son futur aménagement. Ce sera sans doute une étape intéressante pour vous car c’est là que votre projet commencera enfin à se concrétiser.
Aménagement du cabinet, choix de la table de massage, décoration, salle d’attente, espaces de rangement du matériel indispensable en kiné… Autant de sujets qui vont vous demander une bonne dose de réflexion.
Tout cela va dépendre de votre local mais aussi de votre projet. Si vous souhaitez vous spécialiser, il vous faudra optimiser les pièces afin de tirer le maximum de l’espace à votre disposition.
Communiquer pour faire connaître votre cabinet
Vous le savez sans doute, mais la profession de kinésithérapeute est soumise à un certain nombre de lois qui régissent strictement les actions possibles en termes de communication :
- Aménagement de la devanture du cabinet.
- Site internet.
- Référencement sur les moteurs de recherche.
- Réseaux sociaux.
- Etc.
Pour vous aider dans cette démarche, nous vous conseillons de lire notre guide pratique pour faire connaître votre cabinet de kiné et attirer votre patientèle.
Êtes-vous prêt(e)s à ouvrir votre cabinet de kiné ?
Voilà, vous avez désormais toutes les cartes en main pour vous lancer et enfin ouvrir votre cabinet de kiné. Comme vous pouvez le voir, il faut s’armer de patience notamment pour tout ce qui à trait aux questions administratives et financières. Mais le jeu en vaut la chandelle et peu de kinés regrettent de s’être installés pour devenir titulaires !