Quel est le salaire d’un kiné libéral aujourd’hui ? Combien gagne-t-on en début de carrière ? Combien peut-on facturer la séance de kiné ? Si vous pensez vous lancer dans des études de kiné ou si vous êtes fraîchement diplômés, certaines de ces questions vous trottent peut-être dans la tête.
Quelle que soit votre situation, vous devriez trouver réponses à vos questions dans les lignes qui vont suivre. Dans cet article, nous allons nous concentrer sur le revenu net des kinés en vous partageant des montants au plus proche de la réalité. Nous avons décortiqué le salaire du kiné libéral et épluché les données nationales pour éclairer votre lanterne sur la rémunération du kinésithérapeute.
Quel est le salaire d’un kiné en libéral ?
On estime que le salaire net moyen d’un kinésithérapeute sur l’ensemble de sa carrière est de 3 000 à 3 500 € par mois.
Ce montant s’applique au statut de kiné libéral qui représente une écrasante majorité de cas (plus de 4 kinés sur 5 exerceraient sous ce statut). En termes savants, on dirait que ces kinésithérapeutes sont soumis au régime des bénéfices non commerciaux (BNC).
Ce montant a été calculé sur un montant de recettes encaissées estimé à 80 000 € par an par le Ministère de l’Économie en 2018 dans cette étude. Il s’applique aux kinésithérapeutes exerçant sous le régime de la déclaration contrôlée qui tient compte des frais réels de leur activité.
Ce montant se calcule de la manière suivante : Bénéfice net = Chiffre d’affaires – Charges déductibles
Toujours selon cette étude du Ministère de l’Économie, le bénéfice net du kiné libéral représenterait 52,9% du chiffre d’affaires annuel. Soit environ 42 320 € annuels et donc un peu plus de 3 500 € nets par mois.
Il faut cependant nuancer ce montant. Il est en effet impossible de donner une rémunération précise puisqu’elle va dépendre de nombreux facteurs propres à chaque situation. Le bénéfice net de votre activité de kiné va en effet être différente selon :
- Que vous travaillez en cabinet ou à domicile.
- La région dans laquelle vous vous situez (métropole, outre-mer, ville ou milieu rural…).
- Le nombre de consultations quotidiennes que vous effectuez (un patient par 30 minutes, un par 20 minutes, plusieurs patients à la fois).
- La nature des actes que vous pratiquez.
- Vos choix en matière de dépassement d’honoraires.
- L’amplitude horaire que vous vous donnez.
Quelles sont les charges d’un kiné libéral ?
Comme vous le savez, le salaire du kiné libéral dépend en grande partie des charges. Ces charges sont variées et vont, une fois de plus, être différentes d’un kinésithérapeute à un autre. Elles comprennent des cotisations obligatoires ainsi que les frais inhérents à l’activité du cabinet.
Voici les charges auxquelles la majorité des kinés sont soumis :
- Cotisations sociales (URSSAF, allocation familiale, contribution aux unions régionales des professionnels de santé…).
- Impôts et taxes (CSG – contribution sociale généralisée, impôt sur le revenu, …)
- Adhésion à la CARPIMKO (pour votre retraite kiné).
- Loyer du cabinet.
- Factures d’énergie.
- Frais de déplacement.
- Rétrocessions en cas de travail en collaboration.
- Assurance (RCP, prévoyance, assurance multirisque pro)
- Leasing (voiture, matériels, …)
- Etc.
On estime que le montant total de toutes les charges du kiné libéral se trouve entre 50% et 60% du chiffre d’affaires.
Quelles sont les dépenses déductibles pour un kiné libéral ?
Il est possible d’optimiser votre salaire de kiné libéral en déduisant un certain nombre de charges. Sur toute une année, les déductions fiscales peuvent fortement augmenter vos revenus.
Les déductions fiscales possibles pour le kiné libéral sont nombreuses et il sera difficile de toutes les citer. À ce titre, il est important d’être accompagné par un comptable compétent.
Voici cependant une liste des déductions les plus courantes :
- L’achat de matériel kiné pour votre cabinet comme, par exemple, votre table de massage.
- L’achat d’équipement pour vos séances à domicile.
- L’abonnement à votre logiciel kiné et à d’autres éventuels outils informatiques.
- L’achat d’un lecteur de carte Vitale.
- L’achat de fournitures de bureau.
- Les frais de déplacement pour effectuer des séances à domicile même en cas de déplacement pour exigence du patient (DE).
- Les frais de formation ainsi que les déplacements vers les lieux de formation
- Les frais de repas.
- Vos cotisations auprès d’organismes de retraite ou d’assurances.
- Les frais liés à votre compte bancaire professionnel.
- Les adhésions aux organismes tels que l’Ordre des kinés.
- Etc.
Le conventionnement avec l’assurance maladie
Pour pouvoir prétendre au remboursement des soins qu’on prodigue par l’assurance maladie, il est nécessaire de signer une convention avec elle. Cette convention définit la tarification des prestations via la nomenclature des actes NGAP. Vous trouverez le détail des tarifs sur le site d’Ameli.
Un praticien conventionné doit suivre cette grille tarifaire. Les actes pratiqués le plus couramment par les kinés libéraux correspondent dans la nomenclature à un coefficient de 7,5, ce qui fait un tarif pour ce type de séance de 7,5 x 2,15 = 16,13 €. Pour un praticien qui prend 2 patients par heure, cela correspond à 32, 26 € par heure (hors charges), ce qui n’est pas très élevé. Heureusement il existe des actes plus valorisés (traitement de certain types de pathologies, bilans…).
Lorsque le praticien doit se déplacer (par exemple au domicile du patient), il est dédommagé pour compenser ses frais de déplacement (un forfait fixe et une part variable proportionnelle à la distance pour les longs déplacements). Il existe des bonus pour encourager les praticiens à traiter des patients atteints de certaines pathologies (comme IFN pour les patients atteints de pathologies neurologiques). Le forfait du déplacement passe alors de 2,5 € à 4 €.
Tous ces montants correspondent aux tarifs en vigueur en France métropolitaine début 2023, ils sont un peu plus élevés en outre mer.
Notons qu’il n’est pas obligatoire de se conventionner avec l’assurance maladie. Cela revient à pratiquer uniquement du hors nomenclature, et dans ce cas-là on est libre de choisir ses propres tarifs. En revanche, il sera sans doute plus difficile de faire venir des patients dans la mesure où ils devront régler les séances de leur poche.
Les différences de salaires kinés entre Paris et la province
La région d’exercice a un impact sur la rémunération du kiné libéral. Sans surprise, on constate une différence importante entre les grandes villes (Paris en tête) et la province. Une différence qui semble s’expliquer par la tolérance du dépassement d’honoraires dans la capitale. Une pratique qui aide les kinés à compenser le coût de la vie.
Il faut néanmoins savoir que cette différence est souvent compensée par le fait que les kinés ont plus souvent tendance à traiter plusieurs patients en même temps en province que dans la capitale.
Le cas du kiné libéral soumis au régime micro-BNC
Le régime micro-BNC concerne un kiné libéral dont les recettes sont inférieures à 32 000 € par an. Contrairement au système de la déclaration contrôlée, le montant des impôts n’est pas calculé sur les frais réels du cabinet mais sur une base de 66% du chiffre d’affaires (abattement de 34%). On estime en effet qu’un peu plus d’un tiers de vos revenus correspondent à vos frais pros.
Sachant que la première année d’exercice est rarement complète (moins de 12 mois), vous êtes alors imposés au prorata temporis des mois travaillés. Si vous réalisez par exemple un CA de 30 000 € sur 10 mois, on va ainsi considérer que vous dépassez le seuil de 32 000 € (30 000 x 12 / 10 = 36 000 €).
Ce statut n’est donc intéressant que si on ne dépasse pas 34% de frais professionnels. C’est la raison pour laquelle de nombreux kinés optent pour le régime de la déclaration contrôlée qu’on a vu précédemment.
Quel est le revenu moyen d’un kiné salarié ?
Si la majorité des kinés font le choix d’exercer en libéral, on estime qu’environ 15% opteraient pour le salariat, très souvent dans le secteur public. On les retrouve donc dans les hôpitaux, les maisons de santé ou encore des centres de rééducation spécialisés.
La raison pour laquelle aussi peu de kinés choisissent ce statut ? Le salaire…
On estime en effet qu’un kiné salarié gagne 1 350 € en début de carrière. D’autres études sont plus optimistes avec un salaire net d’environ 1 740 € par mois en début de carrière et plus de 2 800 € par mois après plusieurs années d’exercice.
Là aussi, il est tout de même important d’apporter un peu de nuance.
On obtient en effet un montant plus parlant si on s’attarde sur le salaire horaire. Certes, ce dernier est en général plus faible que le salaire d’un kiné libéral. Mais un kiné salarié fera aussi moins d’heures ce qui aura une influence évidente sur le salaire global (et peut-être aussi sa qualité de vie).
Sachant que les hôpitaux ont beaucoup de mal à recruter des kinés, il est d’ailleurs possible de trouver des postes avec des salaires plus élevés que les chiffres énoncés ci-dessus.
Le salaire du kiné salarié dépend donc grandement de son contrat. Et, tout comme pour le kiné libéral, il existe de nombreuses disparités entre les territoires. Pour avoir plus de précisions sur cette question, nous vous conseillons de consulter la grille de rémunération brute mensuelle des kinés travaillant dans les hôpitaux. Vous la trouverez sur le site Emploi Collectivités.
Salaire du kiné libéral : en résumé
La rémunération des kinésithérapeutes en libéral est très variable et dépend de nombreux facteurs :
- Temps de travail hebdomadaire.
- Région d’exercice.
- Statut.
- Manière de travailler.
- Charges.
- Etc.
Il est possible de gagner correctement sa vie en étant kiné libéral, mais cela nécessite de faire des grosses journées et d’enchaîner les patients du matin au soir.
Nous espérons que ce dossier vous aidera dans vos recherches. N’hésitez pas à partager votre ressenti ou votre retour d’expérience dans les commentaires ci-dessous.