En kinésithérapie, chaque prise en charge débute par une étape incontournable : le bilan diagnostic kinésithérapique (BDK). Bien plus qu’une simple formalité administrative, le bilan kiné est à la fois une obligation légale et un véritable outil de travail au service du kinésithérapeute et de son patient.
Il permet de poser un diagnostic précis, d’évaluer les déficiences et incapacités fonctionnelles, et de définir un plan de soins adapté et personnalisé. Le bilan kiné joue également un rôle essentiel dans la communication avec le médecin prescripteur, en assurant la coordination et le suivi du traitement.
- Pour le patient, c’est une garantie de transparence, de motivation et de suivi des progrès.
- Pour le kinésithérapeute, c’est un document protecteur et structurant qui valorise son expertise mais c’est aussi une source de revenus supplémentaires (souvent insoupçonnée).
Nous allons voir en détail pourquoi le bilan kiné est indispensable, comment le réussir, quelles sont les règles de facturation à connaître et en quoi il peut vous aider à mieux gagner votre vie.
Qu’est-ce que le bilan diagnostic kinésithérapique (BDK) ?
Le bilan diagnostic kinésithérapique, ou BDK, est la première étape incontournable de toute prise en charge en kinésithérapie. Inscrit dans la Nomenclature Générale des Actes Professionnels (NGAP) et rendu obligatoire depuis 1996, c’est un véritable acte professionnel.
Le BDK consiste à évaluer l’état du patient à travers un ensemble de tests et d’observations afin de poser un diagnostic kinésithérapique. L’objectif est de définir des objectifs thérapeutiques précis et de sélectionner les techniques les plus adaptées à sa situation.
Contrairement à une évaluation initiale rapide, le BDK est structuré et documenté : il inclut l’anamnèse, les déficiences observées, ainsi qu’un plan de soins détaillé. Ce document officiel a aussi une valeur légale et protectrice pour le praticien, tout en servant de support de communication avec le patient et le médecin prescripteur.
Pourquoi le bilan kiné est-il indispensable ?

Le bilan diagnostic kinésithérapique (BDK) est bien plus qu’une formalité réglementaire : c’est un outil central dans la prise en charge.
Pour le patient, il représente une garantie de suivi personnalisé. Grâce au bilan initial puis aux bilans intermédiaires, il peut mesurer ses progrès, rester motivé et comprendre le chemin parcouru.
Pour le kinésithérapeute, le BDK structure la rééducation, oriente les choix thérapeutiques et constitue un document protecteur en cas de litige ou de contrôle. C’est aussi un moyen de valoriser son expertise et de prouver la qualité de son intervention.
Pour le médecin prescripteur, le BDK facilite la communication et la coordination des soins, en apportant une vision claire de l’évolution du patient.
Enfin, pour l’Assurance Maladie, il s’agit d’une preuve officielle du travail réalisé, garantissant transparence et qualité des soins. Bref, le BDK est indispensable pour tous les acteurs impliqués.

Les 6 étapes à suivre pour réaliser un bilan kiné
1. L’ordonnance
Avant même de commencer le bilan, il est indispensable de vérifier attentivement l’ordonnance du médecin prescripteur. Cette étape simple mais cruciale permet d’éviter tout litige avec l’Assurance Maladie lors de la facturation.
Assurez-vous que l’indication mentionnée correspond bien à un acte pris en charge par la NGAP. Certaines prescriptions ne sont pas remboursées. Vérifiez également la durée et le nombre de séances prescrites.
Une lecture rapide mais rigoureuse de l’ordonnance sécurise votre travail, protège votre cabinet et garantit au patient une prise en charge conforme.
2. L’anamnèse
Le bilan kinésithérapique commence toujours par l’anamnèse, c’est-à-dire un échange approfondi avec le patient. L’objectif est de recueillir un maximum d’informations sur son état de santé actuel et passé.
Au travers de cet échange, vous allez explorer son historique médical (opérations, blessures, pathologies chroniques), ses habitudes de vie (activité physique, profession, loisirs) et le contexte de l’apparition des douleurs.
Cette étape ressemble à une enquête : elle permet de comprendre qui est votre patient, pourquoi il consulte et quels sont ses objectifs. Une anamnèse bien menée constitue déjà un premier filtre pour orienter les tests cliniques à venir.
3. L’évaluation subjective
Après l’anamnèse, place à l’évaluation subjective. Ici, vous donnez la parole à votre patient : il décrit ses symptômes, leur localisation, leur intensité et leur impact sur sa vie quotidienne.
Cette étape est précieuse car elle permet d’intégrer la perception personnelle du patient dans votre analyse. Par exemple, une douleur jugée « gênante » par l’un peut être vécue comme « insupportable » par un autre.
Cette subjectivité oriente déjà votre approche et vous aide à établir une relation de confiance. En écoutant activement, vous valoriez son ressenti et vous posez les bases d’un suivi adapté.
4. L’évaluation objective
L’évaluation objective consiste à mettre en pratique votre expertise clinique. Vous observez, vous testez et vous mesurez. Cela inclut la mobilité articulaire, la force musculaire, la posture, la stabilité et parfois des tests spécifiques selon la zone douloureuse.
Par exemple, pour une épaule, vous pouvez réaliser des tests de mobilité passive et active, ou encore évaluer la résistance musculaire. Ici, il est important de quantifier les résultats (amplitudes, degrés, scores) pour pouvoir suivre l’évolution du patient au fil des séances. L’évaluation objective apporte la dimension scientifique et mesurable du bilan.
5. Le diagnostic fonctionnel
Grâce aux données recueillies lors des étapes précédentes, vous allez pouvoir établir un diagnostic fonctionnel. Il ne s’agit pas d’un diagnostic médical – réservé au médecin – mais d’une analyse précise des déficiences et incapacités liées au mouvement.
Vous identifiez par exemple une faiblesse musculaire, une restriction articulaire ou un déséquilibre postural. Ce diagnostic fonctionnel est essentiel car il détermine les priorités de votre intervention. Il permet aussi de formuler des objectifs thérapeutiques concrets, mesurables et adaptés au profil du patient. C’est le cœur du bilan diagnostic kinésithérapique.
6. L’élaboration du plan de traitement
Dernière étape : transformer votre diagnostic fonctionnel en un plan de traitement structuré. Ici, vous définissez les techniques et méthodes que vous allez mettre en place :
- Exercices thérapeutiques
- Techniques manuelles
- Éducation du patient
- Utilisation de matériel ou d’outils spécifiques
Vous fixez des objectifs progressifs et réalistes, comme « retrouver une mobilité complète de l’épaule en trois mois » ou « réduire la douleur pour permettre la reprise d’une activité sportive ». En sachant que ce plan est évolutif : il sera ajusté lors des bilans intermédiaires, en fonction des progrès observés et des attentes du patient.
Comment bien rédiger un bilan kiné ?

Rédiger un bilan diagnostic kinésithérapique, ça ne s’improvise pas. Pour être utile au patient, au médecin prescripteur et à vous-même en tant que kinésithérapeute, il doit être clair, structuré et complet.
Commencez par organiser votre document en différentes sections :
- Anamnèse
- Antécédents
- Tests cliniques réalisés
- Diagnostic fonctionnel
- Plan de soins
Allez droit au but, en utilisant des formulations simples, pour que votre bilan soit facilement compréhensible par le médecin. N’oubliez pas de dater et signer le document, étape indispensable pour sa validité.
Ensuite, pensez à transmettre une fiche synthétique au médecin, surtout si la prise en charge s’étend sur plusieurs séances. Enfin, enrichissez votre bilan au fil du temps : ajoutez les évolutions observées, les ajustements de traitement et les résultats obtenus. Cette mise à jour régulière valorise votre expertise et renforce la confiance du patient dans son suivi.

Combien facturer un bilan diagnostic kinésithérapique (BDK) ?
Le bilan diagnostic kinésithérapique est non seulement obligatoire, mais il fait aussi partie des actes valorisés par l’Assurance Maladie.
Deux cotations principales existent :
- AMK 10.7 (rééducation et réadaptation fonctionnelle), coté à 23,01 €
- AMK 10.8 (affections neurologiques et musculaires hors atteintes périphériques), coté à 23,22 €.
Le BDK est facturable dès la première séance pour un nombre de séances compris entre 1 et 10.
Ensuite, il peut être refacturé selon la situation :
- AMK 10.7 : à la 30ᵉ séance, puis toutes les 20 séances.
- AMK 10.8 : à la 60ᵉ séance, puis toutes les 50 séances.
Avant de facturer, le kinésithérapeute doit vérifier que l’indication figure bien dans la NGAP et correspond à l’ordonnance médicale. C’est une garantie de conformité et de transparence vis-à-vis de l’Assurance Maladie.
Comment augmenter ses revenus avec le bilan kiné ?
Pour gagner du temps et améliorer la précision de votre travail, il est essentiel de s’appuyer sur les bons outils.
Les fiches papier restent une solution simple et accessible, mais elles montrent vite leurs limites : archivage manuel fastidieux, partage compliqué avec les collègues et risque de pertes. Aujourd’hui, des logiciels spécialisés prennent le relais et simplifient considérablement la gestion du BDK.
En complément, Gustave Kiné est une application qui, associée à votre logiciel kiné (Vega, Kine +4000…), reprend les données de vos patients et vous accompagne dans le suivi quotidien, notamment sur la question du bilan kiné.
L’application envoie par exemple des notifications sur votre ordinateur, votre smartphone ou votre montre connectée pour vous aider à ne rien oublier.
Avec Gustave, vous pouvez voir pour chaque patient :
- Les bilans à réaliser
- Les bilans à facturer

Mais ce n’est pas tout, Gustave vous aide également sur d’autres aspects de votre activité :
Résultat : une organisation plus fluide, un suivi plus facile, une charge mentale allégée et plus d’opportunités d’augmenter votre rémunération kiné.

Les clés pour réussir son bilan kinésithérapique
Réaliser un bilan kinésithérapique de qualité, ça demande un peu de temps et de rigueur.
La première étape consiste à prendre un vrai moment avec votre patient. Écoutez son histoire, ses douleurs, son mode de vie et ses attentes. Plus vous récoltez d’informations, plus votre diagnostic sera précis et votre traitement pertinent.
Impliquez votre patient dès le départ en définissant avec lui des objectifs clairs et motivants :
- Reprendre le sport
- Marcher sans douleur
- Retrouver une mobilité articulaire
- Etc.
Cela renforce dès le départ son engagement dans la rééducation.
Équipez-vous des bons outils pour mesurer vos bilans (tests de mobilité, outils numériques, fiches de suivi).
Enfin, pensez aux bilans intermédiaires. Ils permettent de valoriser les progrès réalisés et d’ajuster, si besoin, le plan de traitement et d’augmenter facilement vos revenus sans faire de dépassement d’honoraires.
FAQ – Bilan kiné
Qu’est-ce que le bilan diagnostic kinésithérapique (BDK) ?
Le bilan diagnostic kinésithérapique (BDK) est un document obligatoire depuis 1996 qui formalise la prise en charge d’un patient en kinésithérapie. Réalisé dès la première séance, il permet au kinésithérapeute d’évaluer les déficiences et incapacités fonctionnelles du patient, de poser un diagnostic kiné et de définir un plan de soins personnalisé.
Quelle est la différence entre un bilan kiné et une simple évaluation initiale ?
Une simple évaluation initiale se limite à observer l’état du patient et à recueillir quelques informations pour orienter les séances. Le bilan kinésithérapique, lui, est bien plus complet et structuré. Il inclut une anamnèse détaillée, une évaluation subjective et objective, un diagnostic fonctionnel et un plan de traitement personnalisé.
Que doit contenir un bilan kinésithérapique complet ?
Un BDK complet comporte plusieurs étapes clés : l’anamnèse (historique médical, antécédents, mode de vie), l’évaluation subjective (ressenti du patient, intensité et localisation des symptômes), l’évaluation objective (tests cliniques, mobilité articulaire, force musculaire, posture), le diagnostic fonctionnel et le plan de traitement adapté, avec les techniques et exercices à mettre en place.
Le bilan doit être daté, signé et transmis au médecin prescripteur, tout en restant consultable par le patient et l’Assurance Maladie.
Quelle est la différence entre les cotations AMK 10.7 et AMK 10.8 ?
Les deux cotations correspondent à des contextes différents de rééducation :
- AMK 10.7 : concerne les traitements de rééducation et de réadaptation fonctionnelle (chapitre II ou III de la NGAP). Sa valeur est de 23,01 € en métropole.
- AMK 10.8 : s’applique aux rééducations liées aux affections neurologiques et musculaires, hors atteintes périphériques. Elle est valorisée à environ 23,22 € en métropole.
Le choix de la cotation dépend du type de pathologie mentionnée sur l’ordonnance médicale, ce qui implique de bien vérifier la prescription avant facturation.
Quand peut-on facturer un bilan kiné ?
Le bilan kinésithérapique (BDK) peut être facturé dès la 1ère séance, dès lors qu’une prescription de rééducation existe. Cette facturation est indépendante du nombre de séances prévues : qu’il y en ait 3, 10 ou plus, le BDK initial est obligatoire et facturable.
Par la suite, un nouveau bilan peut être refacturé selon le type de prise en charge :
- À la 30ᵉ séance puis toutes les 20 séances pour les rééducations fonctionnelles (AMK 10.7).
- À la 60ᵉ séance puis toutes les 50 séances pour les affections neurologiques et musculaires (AMK 10.8).
Le respect de ces échéances est essentiel pour rester conforme à la NGAP et éviter tout litige avec l’Assurance Maladie.
Faut-il réaliser un bilan intermédiaire en cours de traitement ?
Oui, un bilan intermédiaire est fortement recommandé. Il permet de faire le point sur les progrès du patient et d’ajuster, si nécessaire, les objectifs du traitement. Cette étape motive aussi le patient en valorisant ses améliorations et renforce son implication dans la rééducation.
Le bilan intermédiaire n’est pas toujours obligatoire ni facturable, mais il reste une bonne pratique professionnelle. Il aide le kinésithérapeute à suivre l’évolution, à communiquer efficacement avec le patient et à adapter les exercices proposés.
Le BDK peut-il être refusé par l’Assurance Maladie ?
Dans certains cas précis, l’Assurance Maladie ne rembourse pas le BDK si l’indication notée sur l’ordonnance ne figure pas dans la NGAP (nomenclature des actes professionnels).
De plus, un BDK mal rédigé, incomplet, non signé ou non daté peut être contesté lors d’un contrôle. Pour éviter tout refus, il est essentiel de vérifier l’ordonnance, de respecter les règles de cotation et de structurer correctement son bilan kiné.
En quoi le BDK protège-t-il le kinésithérapeute en cas de litige ?
Le BDK est le seul document officiel qui atteste de la prise en charge réalisée par le kinésithérapeute. En cas de contestation d’un patient, d’un médecin ou d’un contrôle de l’Assurance Maladie, il constitue une preuve écrite du protocole mis en place, des techniques choisies et des objectifs fixés.
Il démontre la rigueur professionnelle du kiné et sa conformité aux obligations réglementaires. Sans ce document, le praticien ne peut pas justifier légalement de son travail. Le BDK agit donc comme une protection juridique et administrative essentielle dans l’exercice libéral.